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Un peu d’histoire !

La date d’apparition du collage dans les activités créatives ne peux être avérée tant la production humaine est vaste.
En revanche, on peut se demander :

À quel moment le collage est-il devenu un chapitre d’histoire de l’art ?

De l’usage du collage en art au XXe siècle

Si l’on en croit Wikipédia, le collage est « l’assemblage de différentes formes créant un tout nouveau.
Dans les arts visuels, un collage peut comprendre des coupures de journaux, des rubans, des morceaux de papiers colorés ou faits à la main, des photographies, etc., collés sur un support solide ou une toile ».

Juan Gris, Le petit déjeuner, 1914

Pour Jean-Marc Lachaud
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« Le processus de fabrication d’un collage comprend la déconstruction et la reconstruction.
L’artiste sélectionne des images ou morceaux d’image, de texte, de papier ou d’autres matériaux et les assemble.
L’artiste peut choisir de laisser voir les traces de son intervention ou de les masquer.
L’œuvre de collage et de montage est ambivalente et complexe. »

Le cubisme

Collage cubiste = recherche plastique pour obtenir un résultat avec très peu d’efforts
Le papier, les lettres…deviennent pour les peintres de nouveaux matériaux.
Le recours au papier collé marqué le passage du cubisme analytique au cubisme synthétique.

Les œuvres cubistes représentent des objets analysés, décomposés et réassemblés en une composition, comme si l’artiste multipliait les différents points de vue.
Dans certaines œuvres, la colle est remplacée par des épingles. Le montage n’est pas définitif.

« Le Cubisme comprend plusieurs étapes. Les protagonistes du mouvement conduisent d’abord une recherche qui pose la question de l’unité de la toile et du traitement des volumes en deux dimensions. Cette première phase du Cubisme, nommée Cubisme cézannien, se situe entre 1908 et 1910. Une fois conquise l’autonomie du tableau, la question de l’espace se précise, pour devenir une sorte de déconstruction du processus perceptif : le cubisme analytique (1910-1912). Enfin, après avoir frôlé l’abstraction et l’hermétisme, les artistes réintroduisent des signes de lisibilité dans l’espace de la toile, des éléments issus du quotidien, des papiers et objets collés, orientant ainsi le Cubisme vers une réflexion esthétique sur les différents niveaux de référence au réel. Cette dernière étape a été baptisée cubisme synthétique. »
(https://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-cubisme/Cubisme.htm)


« Les artistes cubistes utilisent de la peinture à l’huile, à laquelle ils associent parfois des objets de la vie quotidienne, des matériaux de récupération ou des matières naturelles. Les œuvres contiennent souvent des caractères d’imprimerie, des lettres, des papiers collés ou encore des trompes l’œil. » Histoire des Arts – Ministère de la Culture

Juan Gris, Still life with a guitar, 1913

Artistes

  • Pablo Picasso
  • Georges Braque
  • Juan Gris
  • Carlo Carrà

Le mouvement Dada

Johannes Baader, The Great Plasto-Dio-Dada-Drama, 1920

Collage dadaïste = photomontage politique
Collage à lire, ironie

Des objets ou des personnages sont insérés dans un espace plausible.

Mouvement intellectuel, littéraire et artistique ponctuel du début du XXe siècle (+/- de 1916 à 1923), qui se caractérise par une remise en cause de toutes les conventions et contraintes idéologiques, esthétiques et politiques. (Wikipedia)

Dada a contribué à libérer les artistes de la tradition et à les encourager à explorer de nouvelles voies.

Artistes

  • Max Ernst
  • Hans Arp
  • Kurt Schwitters
  • Hannah Höch

Le futurisme

Futurisme = intégrer des éléments modernes. Subversion.

Les constructivistes russes utilisent le collage pour mettre en avant les aspects structurels de leur démarche. Ils chevauchent et superposent les éléments afin de créer des œuvres dynamiques et avant-gardistes, capturant l’énergie frénétique de l’époque.

Les collages futuristes sont souvent caractérisés par l’utilisation de fragments d’images, de textes et de formes géométriques, agencés de manière à refléter le tumulte de la vie urbaine et la rupture avec les conventions artistiques traditionnelles.

Cet hybride artistique offre une perspective unique sur la vision futuriste, en illustrant la collision entre l’ancien et le nouveau, l’organique et le mécanique, dans une esthétique visuelle audacieuse.

« À partir de 1912, les peintres futuristes et cubistes s’influencent mutuellement, avec des croisements liés aux techniques : certains artistes futuristes intègrent des éléments de collage et commencent à fragmenter les formes d’une manière analogue au cubisme. » Futurisme et collage, AEFAO

F.T. Marinetti, Parole in libertà, 1916 

Le surréalisme

Collage surréaliste = association poétique

André Breton publie en 1924 le Manifeste du surréalisme, et ce mouvement prend son envol.
Les peintres, bien que réunis par le souci de créer des formes nouvelles, ont des pratiques très diverses visant à reproduire les mécanismes du rêve.
Dans le cadre des recherches de ce jeune mouvement, Max Ernst invente, entre autres, le roman-collage avec La Femme cent têtes en 1929.

Le Surréalisme est un mouvement qui se développe pendant plus de quarante ans.

La première exposition collective sur le collage se tient en 1943, à l’initiative de Peggy Guggenheim à la galerie New-Yorkaise The Art of Century.

Artistes

Nouveau réalisme

Le peintre Jean Milhau est à l’origine de l’appellation de « nouveau réalisme ». Dans la revue Arts de France il a défini ce jeune mouvement en 1948 : « Un courant se dessine qui, sans renier les acquis de la culture et de la technique moderne, nie la primauté des recherches formelles, préconise le retour à la réalité objective et au sujet, et met l’accent sur le contenu social de toute réalité».

Le terme nouveau réalisme est réutilisé en mai 1960 par le critique d’art français Pierre Restany à propos d’une exposition regroupant des œuvres d’Arman, François Dufrêne, Raymond Hains, Yves Klein, Jean Tinguely et Jacques Villeglé.

Jacques Villeglé crée des œuvres à partir d’affiches lacérées par des passants anonymes ou abîmées par les conditions climatiques en les décollant de leur support dans la rue. Après avoir fait un choix dans les affiches ramassées, il opère dans l’affiche, comme un photographe, un cadrage, parfois, mais rarement, il recompose une affiche à partir de différents morceaux d’affiches, puis les maroufle sur toile et les signe lorsqu’il les cède. L’enjeu est bien de faire une œuvre populaire avec ces affiches de rue « reflets de la culture dominante ». Cette superposition, à travers les différentes affiches, révèle une infinité d’associations et de nouvelles significations.

Jacques Villeglé par François Poivret, CC BY-SA 4.0

Salon des Réalités-Nouvelles

Le Salon des réalités nouvelles, également connu sous le nom de Salon de l’abstraction, a été fondé en 1946 dans le but explicite de promouvoir les œuvres artistiques relevant des catégories de l’art concret, de l’art non-figuratif et de l’art abstrait. Toutefois, au fil des années, son influence a transcendé les frontières du monde de l’art et a également laissé une empreinte significative sur le développement du collage.

Dans le contexte du Salon des réalités nouvelles, les artistes abstraits ont souvent exploré les multiples facettes de la composition visuelle, cherchant à transcender la représentation figurative au profit d’une expression plus abstraite et expérimentale. Ce mouvement vers l’abstraction a joué un rôle crucial dans l’évolution du collage pendant les années 80 et 90.

Certains artistes exposés au Salon des réalités nouvelles ont intégré des éléments de collage dans leurs œuvres, explorant la dynamique des formes, des textures et des couleurs. L’objectif était de repousser les limites de la création artistique en incorporant des éléments hétérogènes pour créer des compositions visuellement stimulantes. Ce croisement entre l’abstraction promue par le Salon des réalités nouvelles et les expérimentations du collage a contribué à enrichir le langage artistique de l’époque.

Artistes

Pop Art

Various & Gould, Into the wild, 2015, CC BY-SA 4.0

Le Pop Art, mouvement artistique né en Angleterre, fait objet de rencontre entre culture populaire et expression artistique contemporaine.

Richard Hamilton liste dans une lettre les caractéristiques qui devraient être celles du Pop Art : « un art populaire destiné aux masses, éphémère, à court terme, consommable, facilement oubliable, produit en série, peu coûteux, jeune, spirituel et sexy ». Hamilton continue à développer les caractéristiques du pop art en exposant peintures et collages ayant pour sujets les voitures américaines, les biens de consommations et des pin-ups en tant qu’éléments d’une étude anthropologique qui a introduit le fétichisme, lequel deviendra un élément majeur du mouvement.

Artistes

Les années 80-90

Au cours des années 80 et 90, l’art du collage a connu une renaissance remarquable, explorant des avenues créatives audacieuses. Parmi les artistes éminents de cette époque, Peter Beard se distingue par ses contributions uniques. En utilisant une fusion de photographies, de découpages de magazines et d’éléments naturels, Beard a créé des œuvres visuellement riches qui ont capturé l’essence de la nature sauvage africaine. Son approche novatrice du collage a influencé une nouvelle génération d’artistes, ouvrant la voie à une exploration plus poussée de cette forme artistique.

Le mouvement artistique Neo-Geo a émergé, mettant l’accent sur l’esthétique géométrique et l’utilisation de collages abstraits. Des artistes tels que Peter Halley et Ashley Bickerton ont exploré cette approche, marquant un tournant dans l’histoire du collage contemporain.

Les années 80 ont également vu des collaborations fructueuses entre les artistes de collage et la scène émergente du hip-hop. Des artistes tels que Basquiat ont intégré des éléments de collage dans leurs œuvres, reflétant l’influence mutuelle entre les mondes de l’art visuel et de la musique.

Slobodan Sajin, Decadense, 1982

Artistes

  • Peter Beard
  • Barbara Kruger
  • David Wojnarowicz
  • Jean-Michel Basquiat
  • Peter Halley
  • Ashley Bickerton

1993 – 1er Salon International du Collage Contemporain organisé par le Collectif Amer

Les années 2000

Au cours des années 2000, le collage a évolué vers le numérique, où les artistes ont exploré de nouvelles possibilités avec des outils informatiques. Eduardo Recife, par exemple, a marqué l’art du collage en mélangeant astucieusement des éléments vintage et contemporains grâce à cette approche novatrice. En parallèle, le street art a également adopté le collage comme moyen d’expression urbaine. Des artistes comme Swoon ont créé des œuvres captivantes avec des collages de papier découpé, les affichant brièvement sur des murs urbains. Cette fusion entre le street art traditionnel et les techniques de collage a ouvert de nouveaux dialogues artistiques dans l’espace public, élargissant ainsi la portée du collage au-delà des galeries d’art.

Avec l’avènement du numérique, les artistes ont pu collaborer à distance et partager leurs œuvres plus largement sur les plateformes en ligne. Cela a permis aux artistes du collage de connecter leurs créations avec un public mondial, favorisant un échange continu d’idées et d’influences. Dans cet environnement en constante évolution, le collage a continué à se développer, embrassant divers médiums et repoussant les frontières créatives, devenant ainsi une forme d’expression artistique de plus en plus variée et accessible.

Désormais les musées et les galeries physique ou en ligne permettent de voir la variété des styles.
Retrouvez-les dans notre annuaire.

Artistes

Et maintenant

Aujourd’hui, le collage évolue grâce aux nouvelles technologies, notamment les intelligences artificielles (IA). Les artistes contemporains explorent ces outils numériques pour créer des œuvres innovantes. L’utilisation d’algorithmes permet de manipuler et de combiner des images de manière surprenante, ouvrant de nouveaux horizons artistiques. Les artistes actuels expérimentent également avec des logiciels avancés, stimulant la créativité grâce à des suggestions algorithmiques.

Parallèlement, le collage s’épanouit dans le street art, intégrant des éléments numériques dans des installations éphémères. Les artistes urbains utilisent les nouvelles technologies pour créer des œuvres en phase avec le monde contemporain et les dynamiques sociales actuelles.

La diffusion des créations artistiques a été redéfinie par l’avènement des plateformes en ligne et des réseaux sociaux. Le collage trouve un nouvel élan au sein des communautés virtuelles, favorisant la collaboration et l’inspiration à l’échelle mondiale. Dans ce paysage artistique en constante évolution, le collage reste un moyen d’expression dynamique, dépassant les frontières traditionnelles et explorant les synergies entre la créativité humaine et les avancées technologiques modernes.

Artistes

  • Émir Shiro
  • Hollie Chastain
  • Beth Hoeckel